Abdeslam Bouchouareb, ancien ministre algérien de l’Industrie et des mines, de 2014 à 2017 sous la présidence de Abdelaziz Bouteflika, condamné en Algérie par contumace cinq fois à 20 ans de prison ferme (100 ans), pourrait ne jamais être extradé en Algérie.

Bouchouareb qui a fui l’Algérie en 2019, juste après le Hirak, vers le Liban puis il s’est établi en France. L’Algérie a lancé une procédure judiciaire pour son extradition.

Le parquet général a demandé à la cour d’appel d’Aix-en-Provence (France), lors d’une audience tenue ce mercredi 5 mars, d’opposer un avis défavorable aux six demandes d’extradition vers l’Algérie, rapporte l’agence AFP.

« L’éloignement de M. Bouchouareb, gravement malade, ferait courir à celui-ci, si ce n’est un risque de vie, (un risque) de déclin rapide et irréversible de son état de santé », a estimé l’avocat général, Raphaël Sanesi de Gentile.

L’Algérie a rassuré la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence sur les conditions de détention de Bouchouareb une fois extradé.

Selon l’AFP, les autorités algériennes ont été interrogées par la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence sur les conditions de détention qui attendraient cet homme de 72 ans.

Les autorités algériennes ont évoqué une incarcération au centre pénitentiaire d’El Harrach, à Alger, dans des « salles de 120 à 145 m2 », sans indiquer le nombre de détenus dans ces salles. « J’ai du mal à imaginer qu’il puisse vivre dans une communauté de vie avec une quinzaine de personnes », a précisé l’avocat général.

L’avocat de Bouchouareb, Me Benjamin Bohbot, s’est opposé à l’extradition de son client invoquant le motif de surpopulation carcérale dans les prisons algériennes.

La chambre de l’instruction rendra sa décision le 19 mars

De son côté, l’avocate de l’Algérie, Me Anne-Sophie Partaix a estimé que les autorités judiciaires, ont, le 13 février 2025, « donné les garanties nécessaires » à la justice française : « M. Bouchouareb a volé de l’argent aux Algériens, il a été condamné et doit répondre de ses actes », a-t-elle insisté.  

Abdeslam Bouchouareb, présent à l’audience, a affirmé qu’il est « un grand industriel anti-islamiste ».

« Je ne suis pas un voleur mais un grand industriel anti-islamiste », a revendiqué, « au bord des larmes, Abdeslam Bouchouareb, visiblement affaibli par la maladie », rapporte l’AFP.  

 « Mes collègues sont injustement incarcérés car ils ont voulu appliquer la loi ». La chambre de l’instruction rendra sa décision le 19 mars. En cas d’avis défavorable, la procédure d’extradition prendrait automatiquement fin.

Bouchouareb est poursuivi dans des affaires de corruption, notamment pour dilapidation de deniers publics et abus de fonction et octroi d’indus privilèges.