Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a fait preuve de fermeté ce mercredi lors de son intervention sur BFMTV au sujet de l’emprisonnement en Algérie de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Incarcéré depuis la mi-novembre pour des accusations d’atteinte à la sûreté de l’État algérien, l’écrivain est au cœur de tensions diplomatiques croissantes entre Alger et Paris.

Les poursuites contre Boualem Sansal trouvent leur origine dans des déclarations faites en octobre dernier sur une chaîne française d’extrême-droite. L’écrivain y avait affirmé que le colonialisme français avait « tronqué le territoire du Maroc au profit de l’Algérie », des propos jugés sensibles par Alger. Depuis, le dossier Sansal est devenu une épine dans les relations franco-algériennes.

Un appel à la fermeté

Lors de son interview, Bruno Retailleau a adopté un ton décidé. « Je suis partisan d’une politique de fermeté », a-t-il déclaré, tout en soulignant que « la discrétion est souvent plus efficace dans ce genre de situation ». Cette approche précautionneuse contraste avec les critiques plus virulentes de l’extrême-droite française envers l’Algérie.

Bruno Retailleau n’en a pas moins brandi des menaces concrètes, notamment sur la question des visas. « Où les pays coopèrent avec nous, on peut octroyer des visas. Quand il n’y a pas de coopération, moi, je suis pour un blocage très net », a affirmé le ministre. Il a également critiqué l’accord de 1968 sur l’immigration, qu’il a qualifié de « beaucoup trop dérogatoire ».

Un lien personnel avec l’écrivain

Visiblement touché par l’affaire, Bruno Retailleau a rappelé son amitié avec Boualem Sansal. « Quelques jours avant son arrestation, je correspondais par SMS avec lui pour organiser un dîner. Cela me touche profondément », a-t-il confié. Cependant, il a réitéré l’importance de la discrétion dans les négociations diplomatiques.

Des mesures envisagées

Le ministre n’a pas précisé les « réponses » que la France pourrait déployer si l’écrivain ne revenait pas rapidement. Toutefois, il a laissé entendre que des actions concrètes pourraient être prises. « J’espère que la relation entre l’Algérie et la France permettra de stabiliser les choses, mais si Boualem Sansal ne revient pas très rapidement, la France saura réagir », a-t-il conclu.

Un enjeu diplomatique majeur

L’affaire Boualem Sansal illustre la fragilité des relations entre Paris et Alger. Alors que le gouvernement français tente de maintenir un équilibre entre prudence et fermeté, l’issue de cette crise diplomatique reste incertaine. En attendant, le sort de l’écrivain continue de mobiliser l’attention des milieux littéraires et politiques des deux côtés de la Méditerranée.